Nantes, Lundi 27 janvier 2003
Le violon délicat de Gunar Letzbor
Lorsqu'il arrive sur scène, il im-pressionne. Physiquement. Gunar
Letzbor est taillé comme un athlète ! Pas ie marathonien filiforme.
Plutôt le lanceur de marteau. Solide. Presque massif. Mais lorsque les
premières notes s'élèvent, surprise ! Le violoniste a
la délicatesse d'un papillon. Légèreté, transparence,
couleur... Couleurs ; changeantes, étonnantes, diaphanes ou profon-des
Comment ce diable de musicien, accroché au sol, qui "tire"
la musi-que avec tout son corps, peut-il laisser filer ce son si aérien
et si coloré ? Mystère. Qu'aucun auditeur n'aura pu éclaircir
après les trois concerts qu'il a donnés à la Folle journée.
Pourtant, Gunar Letzbor n'est pas un inconnu de la scène nantaise.
II est l'un des piliers du répertoire baroque d'Arcana, le label nantais
de Charlotte et Michel Bernstein. Il est venu déjà se faire
entendre. Au Printemps des arts notamment. Mais son répertoire est
avant tout celui de l'Autriche des XVIIe et XVllle siècles : Welchlein,
Biber... dont les compositions tirent vers la démon-stration des possibilités
violonis-tiques.
Les concerts de la Folle journée simplement permis à Gunar Letzbor
de rappeler que ces musiques " autnchiennes " étaient directement
inspirées de l'Italie toute proche et qu'il en décryptait toute
la beauté et l'âme profonde. On peut tout tenter avec la musique
itatienne baroque. Savoir la jouer " juste " n'est pas donné
à tous et la Folle journée a montre toute la distance qu'il
pouvait y avoir entre les interprètes. En détaillant avecbon
heur les phrases expressives d'un Montalbano ou en vibrant aux inven tions
d'un Veracini ou d'un Bonporti, pour une toute petite partie des mé
lomanes - il nejouartquedansdepe tites salles - Gunar Letzbor a montré
qu'il faisait déjà partie des grands.
François CAMPER.